Le monothéisme tel que nous le concevons, avec un Dieu unique qui était originellement celui d’Israël, est né tardivement, vers les VIe-Ve siècles avant notre ère, au sein du peuple hébreu. Cette évolution religieuse s’inscrit dans un contexte historique particulier : en 587 avant notre ère, le temple de Jérusalem est détruit par les troupes du roi babylonien Nabuchodonosor II. Certains Judéens se trouvent en exil à Babylone, d’autres en Égypte, d’autres encore sont restés au pays. Il y a donc une grande dispersion territoriale, et on a pu se dire que le dieu d’Israël risquait de disparaître, tout comme la royauté de ce pays avait été anéantie.
Mais curieusement, c’est de ce dĂ©sastre que va jaillir l’idĂ©e monothĂ©iste. En effet, les scribes exilĂ©s Ă Babylone vont rĂ©interprĂ©ter l’histoire. Non, disent-ils, le peuple d’IsraĂ«l n’a pas Ă©tĂ© anĂ©anti par les armĂ©es des conquĂ©rants. C’est Dieu lui-mĂŞme qui a fait venir les Babyloniens en JudĂ©e pour sanctionner son peuple et surtout ses rois, lesquels n’ont pas respectĂ© la vĂ©nĂ©ration exclusive qui lui Ă©tait due. C’est par lĂ que la pensĂ©e a basculĂ© vers le monothĂ©isme : les autres dieux ne sont pas de vrais dieux mais des imposteurs, tandis que Dieu (YHWH dans le texte hĂ©braĂŻque‚ d’oĂą YahvĂ©) est incomparable et, en ce sens, unique. Ce monothĂ©isme devient en quelque sorte l’origine mĂŞme du judaĂŻsme.
Car je suis Dieu, et il n’y en a pas d’autre,
Ésaïe 46.9
je suis Dieu, et rien n’est semblable Ă moi.