🔥 La mystique, est-ce une religiosité pure ?

La mystique vise l’union immédiate de l’âme avec Dieu, dans une expérience intime et sensible. C’est beau. La foi vécue de façon personnelle a une dimension mystique. Ne jugeons pas trop vite des expressions de foi qui nous semblent étranges ; Dieu s’adresse à chacun d’une manière unique. Dieu parle à notre corps et à nos émotions, à notre cœur. Une foi purement intellectuelle deviendrait sèche et théorique.

Inversement, une foi purement sensible manquerait d’ancrage. Le mystique pur fluctuerait au gré des émotions, d’exaltations en déceptions. Il se laisserait illusionner par des phénomènes psychologiques dans sa quête de signes. Il se perdrait dans une vague spiritualité, un sentiment religieux universel. Il deviendrait centré sur lui-même, cherchant sa divinité en lui-même, jusqu’à vouloir se diviniser à travers une technique ou des objets sacrés.

En réalité ce n’est pas un effort humain qui nous fera monter vers Dieu. Tout vient de Dieu, qui vient se révéler en Jésus-Christ notre sauveur. Il nous donne sa parole dans les Écritures. Il nous donne une communauté de frères et sœurs, l’Église. Il nous donne son Esprit Saint. Ainsi nous le connaissons en vérité, et nous demeurons dans son amour.

« Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous, nous sommes un, — moi en eux et toi en moi — pour qu’ils soient accomplis dans l’unité et que le monde sache que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »

Jean 17.22-23

🎭 Peut-on être agnostique et chrétien ?

Est agnostique celui qui considère que l’absolu est inaccessible à l’esprit humain et qui préconise le refus de toute solution aux problèmes métaphysiques.

Les chrétiens confessent quant à eux qu’en Jésus-Christ, Dieu se donne à connaître aux humains d’une manière toute particulière et personnelle, après s’être révélé à son peuple dans la Bible. 

Si d’aucuns se disent « agnostiques chrétiens » et prétendent suivre les enseignement moraux de Jésus, sans se prononcer sur le fait que Dieu se révèle en lui, cette posture nous semble peu cohérente. On ne peut scinder l’enseignement de Jésus en reconnaissant ses préceptes moraux, tout en rejetant ses affirmations au sujet de Dieu et de la révélation qu’il offre en lui. 

Toutefois, il nous faut reconnaitre que la foi n’est pas la possession d’une certitude, une évidence en pleine lumière. Elle n’est pas la conviction de détenir la vérité, mais une tension de vie vers un tout Autre qu’il est bien difficile de nommer et qu’il est sans doute impossible de définir. Cette tension donne sens à l’existence du croyant.

😁 La foi de Dieu, n’est-ce qu’une illusion ?

Une illusion est une apparence qui passe pour une réalité. Si la « foi de Dieu » est la réalité d’une confiance profonde qui permet de vivre à une personne, à partir de l’affirmation biblique que « Dieu croit en l’humain », cette personne peut toutefois se tromper de Dieu. Le philosophe Karl Marx (1818-1883) a résumé les thèmes classiques de la critique de la religion par rapport au « risque d’illusion » de la foi : l’homme projette par son imagination une version idéalisée de lui-même. La critique de la religion doit lui permettre de prendre conscience de ce dispositif spéculaire qui lui fait nommer « Dieu » ce qui n’est que son propre « reflet ».

Or, la Bible n’est justement pas le reflet d’un être humain idéalisé : elle représente une altérité qui introduit l’inconnu et « l’inconnaissable » dans la connaissance de soi. Le risque de se « tromper de Dieu » est limité dans la démarche rationnelle de la lecture éclairée de la Bible, qui se présente comme un vis-à-vis critique à la réalité du « croyant », et combat elle-même l’illusion religieuse.

😵 La religion est-elle un opium et une fuite ?

« La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple. »

Karl Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel, 1843.

Le philosophe Karl Marx (1818-1883) a accusé la religion d’être « l’opium du peuple » : si l’homme a besoin de religion, ce n’est pas qu’il se sente limité et imparfait, c’est qu’il est misérable. Et une telle misère n’est pas d’abord théologique ni même psychologique, mais réelle, matérielle, ancrée dans un « état » social et économique caractérisé par l’existence historique de rapports politiques de domination, de rapports sociaux d’inégalité et de rapports économiques d’exploitation.

Or, la Bible n’a pas attendu Marx pour annoncer et revendiquer la libération de ces rapports humains de domination, par la liberté offerte dans la foi de Dieu. Elle critique les religions qui oppriment l’humain et dessine une vie spirituelle qui réprouve toute exploitation.

🤮 Perdre la foi, est-ce grave ?

« Perdre la foi » apparaît à beaucoup de contemporains comme la fin de la religion ; qui « n’a pas la foi » aurait fini de croire. Or, bibliquement, « perdre la foi » peut aussi être la condition pour apprendre à « croire » : nous devons cesser de cultiver plus que de raison une foi érigée en croyances, pour devenir des lecteurs ouverts et attentifs de la Bible. Ce sont souvent leur croyances qui empêchent les « croyants » de croire ! Si une « croyance » est en quelque sorte le résultat du « croire », elle en est aussi la paralysie. « Croire », selon la Bible, ne produit pas de croyance arrêtées ; « croire » n’est pas le fait du « croyant », mais du pèlerin. Perdre la foi serait alors une chance pour apprendre à croire, bibliquement.

Cependant Dieu nous appelle à la foi. Perdre la foi ne vaut que pour ressentir le désir de croire, pour creuser l’attente avant de retrouver une foi nouvelle, un don de Dieu. Nous pouvons prier comme le père de l’enfant à l’esprit muet :

« Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! »

Marc 9.24

🕳 Y a-t-il une spiritualité sans Dieu ?

Beaucoup de gens mènent une vie spirituelle mais refusent de la placer sous le signe de la foi de Dieu, en prenant leur distance notamment avec le « Dieu des chrétiens ». Et cela se comprend parfaitement ! La vie spirituelle n’est pas l’exclusivité des chrétiens ou des croyants. La Bible dit : « L’Esprit a été répandu sur toute chair ». Tout être humain a dans sa vie une dimension, dont il est ou non conscient, qu’on peut qualifier de spirituelle, c’est-à-dire ouverte sur l’Esprit. Certains ne prêteront jamais l’oreille à cette voix de l’Esprit en eux, d’autres mèneront une vie spirituelle sans Dieu.

Toute vie spirituelle s’ouvre par le sentiment, la conviction, qu’il y a en moi plus profond que moi. Et la psychanalyse a confirmé en effet qu’il y a en moi autre chose que ce que je crois.  « Je est un autre », dit Rimbaud, et cet autre se manifeste notamment dans les rêves. Nous nous réveillons parfois le matin en nous demandant où nous sommes allés chercher tout cela.

Le moi profond, la réalité de ce que je suis, m’échappe en grande partie, et les sciences n’arriveront probablement jamais à épuiser cette profondeur-là. C’est cette dimension particulière de l’existence qui se manifeste dans les rêves, mais aussi dans le bonheur, dans la joie qu’on peut éprouver en écoutant de la musique, un tableau… Ce sentiment, il n’y a pas besoin d’être chrétien pour l’éprouver. Il y a une vie spirituelle pour tout le monde.