🤔 La Bible admet-elle le doute ?

On a traditionnellement opposé le doute à la foi. Or, le contraire du doute n’est pas la foi, mais la crédulité. Il faut prendre conscience du fait que Dieu est forcément différent de ce que nous pensons de lui : quand nous parlons de Dieu, nous ne parlons jamais vraiment de lui, mais seulement de la compréhension que nous avons de lui. De cela découle le doute : comment savoir si notre compréhension de Dieu constitue une certaine réalité ou si elle n’est qu’imagination ?

Évidemment, on ne peut pas en être sûr. C’est justement là que se trouve l’acte de foi. On n’a pas la foi lorsqu’on est sûr. La foi est plus proche du doute que de la certitude.

🤨 Tout ce qui est écrit dans la Bible est-il vrai ?

Il me dit : Ces paroles sont certaines et vraies ; le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses esclaves ce qui doit arriver bientôt.

Apocalypse 22.6

La foi nous invite à faire confiance à Dieu, et à croire que les paroles de la Bible disent vrai. Mais concrètement, de nombreux versets peuvent nous choquer à la première lecture, et nous résister encore après de multiples relectures. Comment cela peut-il être vrai ? En réalité, il faut préciser cette notion de vérité, qui est moins évidente qu’il n’y paraît.

Il y a au départ l’idée d’une vérité simple et littérale du texte. C’est écrit, donc c’est ainsi. Alors il y a des choses incroyables dans la Bible. Les uns s’en émerveillent ; les autres n’y croient pas. Les uns et les autres semblent irréconciliables.

Il y a d’un côté la conception scientifique de la vérité, vérifiable, objective, indiscutable, celle qui peut être prouvée… mais qui demeure en évolution, et peut être remise en question par les avancées de la recherche. Pour les sciences humaines et pour les récits bibliques, la question porte surtout sur la vérité historique. Les événements ont-ils vraiment eu lieu comme le dit la Bible ? Une première difficulté est l’impossibilité de faire des expériences reproductibles : une grande partie du passé est perdu, de sorte que l’historien n’a pas accès à toute la vérité. Un deuxième problème est lié aux limites du langage : le récit d’un événement ne permettra jamais de revivre exactement l’événement ; ce ne sont que des mots. Le récit est toujours partiel, incomplet, sélectif, oublieux. Et donc il est marqué par un auteur qui ne peut pas être totalement objectif, transparent comme s’il n’existait pas et ne faisait pas des choix. Enfin et surtout, ces idées de vérité scientifique, historique, linguistique, sont apparues dans la modernité. Les appliquer sans précaution à un texte antique, c’est faire un anachronisme et un contresens. Car l’auteur du texte ne concevait pas la vérité ainsi. Par exemple, chacun de nous connaît normalement son âge au jour près. Mais dans une civilisation orale et sans registres d’état civil, les âges deviennent nécessairement plus approximatifs et symboliques. Ne faisons pas dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas. N’imposons pas notre idée de vérité, mais écoutons, dépaysons-nous pour entrer dans la pensée de l’auteur.

Il y a de l’autre côté une vérité de la foi, une vérité théologique. Mais ce n’est peut-être pas toujours celle du littéralisme. Car quel est le sens du texte ? Ou ses sens possibles ? Comprendre un texte constitue une discipline en soi, la sémantique. Il faut traduire et interpréter, alors que des millénaires nous séparent des auteurs bibliques. La Bible est aussi un chef d’œuvre littéraire qui emploie des figures de style, métaphores, hyperboles, ironie, qui complexifient le rapport au sens et à la vérité. Elle rassemble divers genres littéraires, récit mais aussi poésie, bien loin du livre d’histoire. Alors nous pouvons vivre avec une vérité naïve, car nous ne savons pas tout et du mystère demeure. Nous pouvons aussi désirer approfondir, et cela nous amène à étudier davantage la Bible, à enrichir et complexifier son sens ; et c’est fructueux tant que nous ne perdons pas de vue l’essentiel.

La vérité de la foi, c’est la parole que Dieu nous dit à travers ces textes. Elle est d’un autre ordre que la vérité scientifique. Ce n’est pas simplement une vérité de faits matériels, mais une vérité sensible et spirituelle. Elle se vit, sincère, authentique. Elle se vit par la venue du Saint-Esprit en nous. Elle se vit dans une relation personnelle, dans une rencontre avec le Christ. La vérité n’est pas un concept, c’est une personne.

Jésus lui dit : C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie.

Jean 14.6

👨‍⚕️ Les guérisons miraculeuses sont-elles miraculeuses ?

La question serait stupide si « miraculeux » n’avait qu’un seul sens. Alors qu’est-ce qu’un miracle ?

Dans une vision très rationaliste des choses, un miracle est un événement impossible. Alors par définition le miracle n’existe pas. S’il se produit, c’est que la chose n’était pas réellement impossible. En somme l’idée de miracle proviendrait d’une erreur de jugement.

Ceci reste très théorique. Comment savoir ce qui est impossible ou non ? L’impossible serait d’aller contre les « lois de la physique ». Mais le vrai physicien sera plus prudent. Il sait que la physique elle-même va parfois contre ses propres « lois ». Elle est bien souvent hypothèses et théories. Et quand il s’agit de l’humain, de la biologie d’une guérison, il faudrait être bien arrogant pour qualifier d’impossible ce que nous ne comprenons pas. Il reste des mystères que la science s’avoue incapable d’expliquer.

Ne cherchons peut-être pas à tout prix le miracle qui sera une preuve objective, irréfutable. Nous serions déçus. Même les miracles de Jésus rencontrent le scepticisme ou la banalisation (Mt 7.22 ; 11.20 ; 13.58). Si nous doutons, les miracles ne seront jamais assez nombreux, assez extraordinaires pour nous convaincre. Face à un fait, tel qu’une guérison, nous pouvons douter, et nous pouvons croire. Acceptons que cela soit subjectif. N’effaçons pas la personne du témoignage.

Un miracle, c’est une chose incroyable, extraordinaire. Quand Jésus guérit, il étonne, il frappe, il sidère. Avec le regard de la foi, nous pouvons reconnaître l’action de Dieu. Nous pouvons nous émerveiller. Nous voyons Dieu agir puissamment dans notre vie, répondre à nos prières. Ayons ce regard de foi ! Prions Dieu, et témoignons !

Or Dieu a placé dans l’Eglise premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des maîtres ; ensuite il y a des miracles, ensuite des dons de guérison, des aptitudes à secourir, à gouverner, diverses langues.

1 Corinthiens 12.28

🎵 Comment a-t-on chanté les Psaumes ?

Le psaume est musical par nature. Le mot vient du grec ψαλμός (psalmos), à rapprocher du psaltérion, un instrument de musique à cordes qui accompagnait le chant.

En hébreu, le rythme et les sonorités s’accordent avec la poésie du chant. En traduction, il est souvent impossible de suivre au plus près à la fois la forme et le sens des mots. Les bibles sacrifient souvent la poésie pour rester fidèles au texte. Cependant pour chanter les psaumes, une adaptation en rythme et en rimes est faite : ces traductions plus libres s’autorisent à parfois ajouter quelques mots pour mieux recréer la musique des psaumes.

Parmi ces traductions des psaumes à chanter ou à psalmodier, l’une des plus célèbres de la Réforme est le psautier huguenot mis en vers par Clément Marot et Théodore de Bèze (1562).

Il existe aussi un psautier liturgique œcuménique contemporain en version liturgique, ainsi qu’une section psaumes dans les recueils de cantiques.

🧔🏽 Jésus-Christ, de quoi est-on sûr ?

Inscription de Césarée maritime : « Ponce Pilate préfet de Judée ».

L’historien sait peu de chose de Jésus. Un Galiléen annonçant un message et prenant soin des gens, qui a rassemblé des disciples autour de lui, et qui est mort sous Ponce Pilate.

Il n’y a pas de raison de douter de l’existence historique de Jésus. Au contraire, Jésus est sans doute le personnage de l’Antiquité sur lequel les documents sont les plus nombreux, étant donné le grand nombre de manuscrits du Nouveau Testament. L’existence de Jésus est au moins aussi certaine que celle de Platon ou de Jules César.

En dehors des sources chrétiennes, les historiens se fondent largement sur les écrits de Flavius Josèphe, historiographe juif en bon termes avec les Romains, qui mentionne Jésus et donne de précieuses informations sur la société juive du premier siècle. Ils utilisent aussi les écrits apocryphes (autres évangiles ou apocalypses non bibliques…).

Diverses approches ont été tentées pour dessiner un « Jésus historique ». Mais l’entreprise s’est avérée peu consensuelle et au final peu convaincante, chacun imaginant son Jésus historique avec beaucoup de subjectivité.

La vision la plus complète et la plus assurée de Jésus, n’est-elle pas en réalité celle qui apparaît au travers des évangiles avec toutes ses nuances ? Le Christ de la foi est un individu historique et réel. Nous ne connaissons pas tous les faits sur sa vie. Mais par le témoignage de ceux qui ont vécu avec lui, nous comprenons qui était Jésus. Alors Jésus-Christ vivant aujourd’hui vient en nous, et devient notre vie.

🌹 Que faire de la poésie dans la Bible ?

Les textes poétiques

La Bible est une bibliothèque de livres aux genres littéraires variés : récits, enseignements, généalogies, lettres… et poésie. Certains livres sont entièrement poétiques, ainsi les Psaumes, le Cantique des Cantiques. D’autres incluent des sections entières ou des passages poétiques, par exemple Job et pratiquement tous les prophètes. Souvent, appeler un livre poétique, c’est déjà commencer à l’interpréter : c’est le cas pour la Genèse et l’Apocalypse.

La poésie biblique joue sur les parallélismes et multiplie les rythmes binaires. Elle rappelle souvent à la fin ce qu’elle a dit au début, dans un encadrement comme une introduction et une conclusion. Elle peut emboîter plusieurs encadrements comme des poupées russes. Plusieurs psaumes sont des acrostiches : la première lettre de chaque verset ou groupe de versets correspond dans l’ordre aux 22 lettres de l’alphabet (Ps 9-10, 25, 34, 37, 111, 112, 119, 145). Outre le rythme et la structure, la poésie biblique emploie des figures littéraires telles que métaphores et comparaisons. Elle fait entendre aussi des sonorités par des assonances et allitérations, plutôt que par des rimes ; cela disparaît généralement en traduction.

À l’écoute de la poésie

Pour lire la poésie biblique, il est recommandé de s’ouvrir à une autre dimension. Il ne faut pas toujours analyser. L’essentiel n’est pas de s’interroger sur le sens littéral ou de se focaliser sur l’aspect historique. La poésie nous invite à développer notre sensibilité. Devenir réceptif aux évocations des paroles. Méditer. Entrer dans la présence de Dieu. Écouter. Lire et relire, en prenant le temps. S’arrêter simplement sur un verset, ou même sur un mot. S’ouvrir au Saint-Esprit. Et Dieu parle. Voici l’essentiel.

Il est comme un arbre
planté près des canaux d’irrigation,
qui donne son fruit en son temps,
et dont le feuillage ne se flétrit pas :
tout ce qu’il fait lui réussit.

Psaume 1.3

https://fr.aleteia.org/2016/08/29/lire-la-bible-comme-un-poeme/