🔠 Pourquoi certains lecteurs de la Bible appellent-ils Dieu « Jéhovah » ?

Quatre consonnes YHWH

Le nom de Dieu est marqué en hébreu par quatre consonnes, יהוה. Elles se transcrivent YHWH. Mais on peut hésiter entre V et W ; le H peut être vu comme muet et omis ; et le Y a le même son que I/J en latin (comme aujourd’hui encore en allemand ja se prononce [ya]).

Pour respecter le mystère, les Juifs ne prononcent pas le nom de Dieu. Quand il est écrit יהוה, ils lisent Adonaï, ce qui veut dire « mon Seigneur ». Cette pratique est très ancienne, car dès la version grecque des Septante, vers 270 avant Jésus-Christ, יהוה est traduit par κύριος (kyrios), ce qui signifie bien « Seigneur ». En français, de nombreuses traductions disent aussi « le SEIGNEUR », d’autres « l’Éternel » ou « Yahvé ».

Mystérieuses voyelles

Les textes hébreux les plus anciens n’écrivent en général que les consonnes, bien qu’il soit possible de noter parfois explicitement certaines voyelles ou semi-consonnes. Au Moyen-Âge, alors que la mémoire de la prononciation risquait de se perdre, voyelles et ponctuation ont été ajoutées par un système de points et d’accents.

Quand on veut savoir quelles voyelles ajouter pour prononcer YHWH, l’incertitude est immense, puisque précisément ce tétragramme est censé demeurer imprononçable. Le texte du Moyen-Âge dit massorétique porte bien des points-voyelles sur YHWH. Mais ce sont celles d’Adonaï. La façon juive de lire est, en voyant YHWH combiné aux points-voyelles d’Adonaï, de reconnaître le nom de Dieu et de prononcer Adonaï selon l’indice donné par les points-voyelles.

Jéhovah est une traduction archaïque du nom de Dieu. Il se comprend comme les consonnes JHVH combinées avec les voyelles d’Adonaï à peu de chose près : JeHoVaH (le premier a s’est transformé en e avec le J). C’est une lecture naïve et erronée du texte massorétique.

Yahvé ou Yahweh serait probablement une prononciation plus juste. On trouve le nom abrégé Yah par exemple dans Alléluia et dans de nombreux prénoms, ou encore Yahou. Mais le nom de Dieu garde son mystère.

💓 Le cœur dont parle la Bible, est-ce celui dont parle le cardiologue ?

Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un souffle nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.

Ézéchiel 36.26

Le cœur du cardiologue est un muscle extraordinaire. Il est la pompe qui fait circuler le sang dans un mouvement entretenu en permanence. S’il s’arrête, c’est la vie qui s’arrête. La palpitation de sa cadence se sent, et peut même se voir et s’entendre pour qui y prête attention. Elle s’accélère en cas d’émotion, ralentit en cas de dépression. Tout cela fait que le cœur n’a pas un rôle purement mécanique, mais se lie à notre état d’esprit intérieur.

Le cœur physique se charge donc en même temps d’un sens symbolique exceptionnellement riche. Selon le contexte, le mot cœur se reconnaît comme employé dans son sens littéral biologique, ou dans un sens figuré. Les connotations sont largement subjectives et varient d’une personne à l’autre. Plus encore, en raison des écarts culturels, le cœur au sens hébreu biblique ne porte pas exactement le même sens symbolique qu’en français. Si en français il est avant tout associé aux sentiments, en hébreu il peut se rapporter aussi plus largement à la pensée, à l’être intime, sans opposer l’intuition et l’intellect. Dieu se fait connaître au cœur.

Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël, après ces jours-là — déclaration du SEIGNEUR : Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur ; je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple.

Jérémie 31.33

😂 Dieu et l’humour, ça va ensemble ?

6 Alors Sara dit : Dieu m’a suscité du rire ; quiconque l’apprendra rira à mon sujet. 7 Elle ajouta : Qui aurait dit à Abraham que Sara allaiterait des enfants ? Pourtant je lui ai donné un fils dans sa vieillesse !

Genèse 21.6-7

Dieu est humour ! Isaac (Yitsehaq) signifie « il rira ». Rire d’autodérision, rire de joie et d’étonnement. La Bible multiplie les jeux de mots, les doubles sens.

Jésus mène une vie joyeuse. Il participe à des festins de noces, loin de l’austérité des pharisiens et des disciples de Jean-Baptiste (Marc 2.19). Il change l’eau en vin ; c’est encore du vin qu’il partage avec les douze le soir de la Pâque. Ses paraboles ressemblent à des histoires drôles ; et il se jouent des questions pièges qui lui sont posées, par ses réponses fulgurantes qui retournent la situation. Il encourage à être comme des enfants : simples, spontanés, rieurs, loin des adultes rigides qui se prennent au sérieux.

Alors notre bouche était pleine de rires,
et notre langue poussait des cris de joie.

Psaume 126.2

🕍 Jésus était-il un juif pratiquant ?

Oui, Jésus était un juif pratiquant.

  • Il est circoncis à l’âge de huit jours (Lc 2.21).
  • Il est consacré a Seigneur comme premier-né (Lc 2.22-24).
  • Il se rend à la synagogue le jour de shabbat (Lc 4.16).
  • Il se rend au temple de Jérusalem pour les fêtes (Jn 2.13 ; 5.1 ; 7.14 ; 10.22 ; 12.12).

Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes. Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir.

Matthieu 5.17

Le salut vient des Juifs.

Jean 4.22

Les premiers chrétiens étaient eux-mêmes des juifs (messianiques). Les voyages missionnaires de Paul et des autres apôtres s’adressent aux communautés juives de la diaspora, dispersées dans l’Empire romain. D’après les spécialistes, ce n’est que progressivement que le christianisme s’est séparé du judaïsme, au cours du premier siècle et notamment suite à la destruction du temple de Jérusalem en 70. D’un côté les croyants en Jésus se sont vu exclure des synagogues ; et d’un autre côté ils ont accueilli parmi eux des non-juifs de plus en plus nombreux sans leur demander de se circoncire.

Ainsi la source du christianisme est pleinement juive. Les chrétiens l’ont trop souvent oublié au cours de l’histoire. Le christianisme ne peut se comprendre sans ses frères et sœurs aînés dans la foi avec qui il partage la Tora, les Prophètes et les Écrits (TaNaK). Cela invite juifs et chrétiens à un dialogue humble et sincère.

🧠 Quelle est la différence entre l’incarnation et la réincarnation ?

La différence la plus immédiate est le « ré ». La réincarnation se répète. On doit recommencer sa vie indéfiniment jusqu’à être suffisamment pur, si on y parvient. Le processus se reproduit potentiellement sans fin. L’incarnation a lieu une seule fois, de même que le sacrifice du Christ a lieu une seule fois. De même encore, « il est réservé aux humains de mourir une seule fois » (Hé 9.27). Jésus a tout accompli, une fois pour toutes.

De là vient une seconde différence : qui s’incarne, et qui se réincarne ? Tous risquent de se réincarner selon cette croyance. Mais le sujet qui s’incarne une seule fois, c’est Jésus-Christ. Il est le Fils unique de Dieu, la Parole qui est devenue chair. Pour un être humain, être chair est simplement naturel. Tout le mystère de l’incarnation, c’est que Dieu s’est fait chair.

Regardez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; palpez-moi et regardez ; un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai.

Luc 24.39

Nous sommes spirituels sans être désincarnés. La réincarnation suppose que l’âme est immortelle et survit à la mort du corps. La résurrection est beaucoup plus concrète et matérielle. Nous mourons corps et âme, entièrement. Et surnaturellement, Dieu donne une vie nouvelle et glorieuse à ce qui était mort. Il nous relève, nous réveille et nous délivre de la mort, définitivement.

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui.

Jean 6.56

🍽 Le jeûne est-il recommandé par la Bible ?

Pratiqué souvent dans la Bible, le jeûne accompagne la prière. Jeûnent ainsi les Israélites à l’occasion de batailles (Jg 20.26 ; 1 Sa 7.6), David à l’occasion de la maladie de son fils (2 Sa 12.16-23), la prophétesse Anne qui prie (Lc 2.37), Jésus pendant ses quarante jours au désert (Mt 4.2). Le jeûne répond à la tristesse, au deuil, à une catastrophe (1 Sa 31.13 ; 2 Sa 1.12 ; Né 1.4 ; Est 4.3,16 ; 9.31 ; Jl 1.14). Il signifie une démarche de repentance et conversion (1 R 21.9,12,27 ; Né 9.1 ; Jr 36.6,9 ; Dn 9.3 ; Jl 2.12,15 ; Jon 3.5). Il indique l’humiliation (Esd 8.21-23 ; Ps 69.11). Daniel et ses trois compagnons suivent un régime de légumes afin de ne pas manger des aliments souillés, et se trouvent en parfaite santé (Dn 1.8-16). L’Esprit-Saint parle pendant le jeûne (Ac 13.2-3) et les apôtres prient et jeûnent pendant leur mission (Ac 14.23 ; 2 Co 6.5 ; 11.27).

Et moi, quand ils étaient malades, je me revêtais d’un sac,
je me privais, je jeûnais, ma prière revenait sans cesse.

Psaume 35.13
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D’autres passages critiquent le jeûne qui serait devenu une obligation purement formelle, par opposition au jeûne du cœur. Ésaïe préfère un jeûne d’amour du prochain, de libération, de partage du pain avec l’affamé, d’accueil des pauvres sans abri (Ésaïe 58.6). Zacharie interroge :

Quand vous avez jeûné, quand vous vous êtes lamentés au cinquième et au septième mois, et cela depuis soixante-dix ans, est-ce vraiment pour moi que vous avez tant jeûné ?

Zacharie 7.5

Jésus critique l’hypocrisie d’un jeûne ostentatoire, et préfère un jeûne adressé au Père dans le secret (Mt 6.16-18 ; Lc 18.12). Ses disciples ne jeûnent pas quand les disciples de Jean-Baptiste jeûnent (Mt 9.14-15 ; Mc 2.18-20 ; Lc 5.33-35). En effet la présence de Jésus est une fête, comme l’arrivée de l’époux pour les noces.

Terminons avec une promesse. Généralement austère, le jeûne lui-même deviendra une fête :

Le jeûne du quatrième mois, le jeûne du cinquième mois,
le jeûne du septième mois et le jeûne du dixième mois
deviendront pour la maison de Juda
des jours de gaieté et de joie, d’heureuses rencontres festives.

Zacharie 8.19