🏳 Tous les chrétiens devraient-ils être pacifistes ?

Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée.

Matthieu 10.34

L’amour du prochain est au cœur de l’éthique chrétienne. Pourtant, en cherchant dans la Bible, la question apparaît complexe et toutes les ambiguïtés ne sont pas levées. Les chrétiens ne sont pas unanimes. Il existe deux attitudes éthiques : une éthique de principes et une éthique de responsabilité.

L’éthique de conviction est pacifiste. Car si nous comprenons dans toute leur plénitude « Tu ne commettras pas de meurtre » (Ex 20.13 ; Dt 5.17) et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19.18), il n’est pas supportable de tuer un seul être humain. Ce serait un acte mauvais par nature, par principe, et aucune raison ne le rendrait juste.

L’éthique de responsabilité adopte une approche qui se veut réaliste et pragmatique, attentive aux conséquences. Quand un massacre est commis, se retrancher derrière ses principes pacifistes pour ne pas intervenir est peut-être un peu facile. Car en refusant la violence, on ne cause pas soi-même directement la mort d’un être humain, mais on peut en être indirectement responsable. Et s’il faut tuer un homme pour en sauver dix ? On peut avoir horreur de ce genre de calcul, mais le résultat est alors, concrètement, dix morts au lieu d’un seul. Le pacifisme peut être coûteux en vies humaines.

Les situations réelles diffèrent des cas théoriques. Les conséquences de nos actes sont incertaines. Nous sommes confrontés à des dilemmes, pour lesquels il n’y a pas de réponse toute faite. Le Christ lui-même a accepté d’être mis à mort sans se défendre, dans une extraordinaire attitude de paix. Si nous prions et écoutons le Saint Esprit, il nous inspirera ce qui est juste. Il nous accompagnera jusqu’à ce que le Christ établisse son règne de paix sur la terre.

💘 « Aimez vos ennemis », n’est-ce pas psychiquement dangereux ?

Cette invitation à la prière pour les assassins, parfois mal perçue… obéit pourtant aux paroles – certes déroutantes – du Christ.

Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent.

Matthieu 5.44

Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.

Matthieu 5.39

Aimer son ennemi ne signifie pas l’aimer d’affection mais, dans ce passage d’évangile, le saluer : «Si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?» Matthieu 5, 47). Autrement dit, il s’agit de ne pas l’effacer de notre histoire, même si notre relation avec lui est compliquée et douloureuse. Jésus nous invite à nous tourner vers son Père en lui confiant cette personne pour laquelle on ne peut pas prier mais que Lui considère, malgré tout, comme son fils ou sa fille.

Tendre l’autre joue n’est pas un geste masochiste. Dans la vie courante, c’est un geste de paix (on tend sa joue à ses enfants, à ses amis). Le Christ nous dit : à celui qui t’a frappé, fais une proposition de paix. Sa particularité, c’est qu’elle n’émane pas de celui qui est en position de force mais, au contraire, en position de faiblesse.

C’est physiquement dangereux. Celui qui a dit d’aimer ses ennemis est mort sur une croix entre deux criminels. Les repères psychiques tombent. Il n’y a plus les gentils et les méchants, la récompense aux bons et le châtiment des mauvais. Car le seul juste a pris la place des pécheurs.

En réalité, aimer son ennemi signifie bien l’aimer d’affection, et même d’amour. Si c’est paradoxal, scandaleux, impossible, c’est que seul Dieu peut nous donner cet amour, cette capacité à aimer, par son amour. Demeurons dans l’amour du Christ, pour que nous nous aimions les uns les autres comme il nous a aimés.

Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.

Jean 15.9

Voici la révolution de Jésus : transformer la haine en amour, vaincre l’ennemi par une douceur désarmante. Il nous aime, par là il s’est rendu vulnérable et s’est offert. Quelle puissance subversive dans cet amour, qui touche le criminel le plus endurci, qui retourne le cœur et transforme une vie !

🤗 Qu’est-ce qui se passe pendant une bénédiction ?

La Parole de Dieu est performative ; elle agit réellement. Ce qu’elle dit s’accomplit.

Bénir, c’est dire du bien, prononcer une parole belle sur quelqu’un. Une parole qui fait du bien. Car Dieu donne sa grâce. Cette parole vient de l’Esprit Saint, le Souffle de Dieu en nous qui nous inspire.

Homme et femme il les créa, il les bénit et les appela du nom d’« humains » – Adam – le jour où ils furent créés.

Genèse 5.2

☯ Quelle est la différence entre religion et spiritualité ?

Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité.

Jean 4.24

Religion (selon le dictionnaire de l’Académie française) :

  • Culte qu’on rend à la divinité. La religion chrétienne.
  • Religion désigne aussi la Conception personnelle que quelqu’un se fait de la religion. La religion de Pascal.
  • Il signifie aussi Foi, croyance, piété, dévotion. C’est un homme qui a beaucoup de religion.

Spiritualité :

  • Caractère spirituel, nature spirituelle; il s’oppose à Matérialité. La spiritualité de l’âme.
  • Il se dit aussi de la Théologie mystique, de celle qui regarde la nature de l’âme, la vie intérieure.

Ainsi la religion insiste sur la pratique concrète, la spiritualité sur une réalité immatérielle et intérieure. La religion risque de dériver en gestes vides de sens, la spiritualité en subjectivité et imagination personnelle.

Peut-on faire entrer la vie en Christ dans une catégorie sociologique, le phénomène de la religion ou de la spiritualité ? Dieu est un ; la mort et la résurrection du Christ sont sans équivalent ; l’Esprit Saint n’est pas un simple état d’esprit. Dieu est une personne. Il touche tout l’être, intérieur et extérieur, corporel et spirituel. Il ne se théorise pas, il se vit dans l’expérience d’une rencontre, personnelle, singulière.

🌍 L’œcuménisme, est-ce la réponse chrétienne à la mondialisation ?

Œcuménisme vient du grec oïkouménê [guê] qui signifie [terre] habitée, monde. Œcuménique signifie mondial. Alors étymologiquement, il serait assez logique que l’œcuménisme soit l’équivalent de la mondialisation. Est-ce le cas ?

Les conciles œcuméniques des premiers siècles étaient appelés ainsi parce qu’ils voulaient rassembler la totalité du monde (gréco-romain), à la différence de synodes régionaux. En particulier il s’agissait de réunir l’Empire romain d’Occident et l’Empire romain d’Orient, ou plus tard le catholicisme et l’orthodoxie.

Dans un sens contemporain, l’œcuménisme désigne l’unité des chrétiens.

La mondialisation évoque le développement des échanges économiques et culturels à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, certaines spécificités locales tendent à s’estomper en faveur d’une certaine convergence.

Pour les chrétiens, cela pourrait signifier que les spécificités de leurs traditions prennent moins d’importance, et que par le dialogue et l’échange, un christianisme universel centré sur le Christ émerge. L’exemple de Taizé pourrait l’illustrer. Dans ce village de Bourgogne, a été fondée une communauté monastique nouvelle, qui unit catholiques, protestants et orthodoxes, et qui rassemble chaque année des jeunes du monde entier. Avec Taizé, mondialisation et œcuménisme vont de pair.

De plus, la mondialisation met en concurrence les diverses religions qui auparavant suivaient l’adage « à chaque région sa religion ». Il y a des chrétiens dans le monde entier, comme il y a des musulmans ou des bouddhistes dans le monde entier. Dès lors, les querelles entre chrétiens sont relativisées face à l’enjeu de témoigner ensemble de Jésus Christ.

Pourtant, si l’œcuménisme n’était que cela, ce serait simplement une réponse adéquate à l’évolution de la société, avec ce que cela suppose de tactique et de conjoncturel. Or l’œcuménisme a un sens spirituel. Il s’agit de réunifier le corps mystique du Christ, l’Église, qui est divisée. Les chrétiens doivent pratiquer entre eux l’amour du Christ sans lequel leur témoignage est vide et incohérent. Si les chrétiens deviennent vraiment ce qu’ils sont censés être et s’unissent, alors dans ce mouvement vers l’autre les Églises se réformeront ; plus encore, elles se convertiront. Il est facile de couper les relations avec tous ceux qui ne pensent pas comme moi ; il est plus difficile de reconnaître que ma compréhension de Dieu et ma foi sont limitées, et que je peux admirer ce que vit l’autre, découvrir qu’il connaît des facettes de Dieu que j’ignore. L’œcuménisme est un chemin de conversion et d’humilité pour se soumettre les uns aux autres et se rapprocher du Christ. Cet œcuménisme du cœur dépasse infiniment les problématiques politiques, économiques, sociales ou culturelles de la mondialisation.

20 Ce n’est pas seulement pour ceux-ci que je demande, mais encore pour ceux qui, par leur parole, mettront leur foi en moi, 21 afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé. 22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous, nous sommes un, 23 — moi en eux et toi en moi — pour qu’ils soient accomplis dans l’unité et que le monde sache que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

Jean 17.20-23

👼 Que signifie la « justification par la foi » ?

L’être humain n’est pas justifié en vertu des œuvres de la loi, mais au moyen de la foi de Jésus-Christ.

Galates 2.16

La « justification par la foi » dit comment Jésus-Christ nous sauve. Paul l’explique dans la lettre aux Romains et la lettre aux Galates.

Dieu nous a choisis pour pratiquer sa loi de Dieu, ce qu’il demande dans la Tora. Celui qui fait cela est un juste, un saint, proche de Dieu. Il agit bien.

Or le drame de l’histoire d’Israël et de notre expérience, c’est qu’à de multiples reprises l’alliance avec Dieu est rompue. Viennent les prophètes, mais le peuple recommencent à pécher. Finalement vient Jésus-Christ, le seul capable de nous sauver.

Nous ne sommes pas sauvés par nos œuvres bonnes, mais seulement par Jésus-Christ. Celui ou celle qui met sa foi en lui est justifié. C’est une révolution : nous sommes libérés du désespoir de ne jamais être dignes du salut. Nous avons la promesse que Dieu nous pardonne si nous le lui demandons avec foi, quel que soit le mal que nous avons commis, nous sommes purifiés, sauvés, acquittés, innocentés, blanchis, et libres !

Alors nous pouvons agir pour servir Dieu librement et avec joie, selon sa volonté. Les œuvres ne sont pas une condition au salut, mais une conséquence de celui-ci. C’est un don de Dieu. Nous sommes transformés par la puissance de Dieu, pour apprendre à aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Redécouverte par Luther, la justification par la foi a été le principal sujet polémique de la Réforme au XVIe siècle, époque où l’Église catholique promettait à ses donateurs d’accéder plus vite au paradis. Aujourd’hui ce conflit appartient au passé. La situation s’est apaisée de façon extraordinaire. En 1999, l’Église catholique et la Fédération Luthérienne Mondiale se sont accordées sur une compréhension partagée de la justification par la foi. Les Églises anglicane et réformée se sont ralliées à leur déclaration conjointe.

Nous confessons ensemble : c’est seulement par la grâce au moyen de la foi en l’action salvifique du Christ, et non sur la base de notre mérite, que nous sommes acceptés par Dieu et que nous recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cœurs, nous habilite et nous appelle à accomplir des œuvres bonnes.

Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification
de la Fédération Luthérienne Mondiale et de l’Église catholique (1999)