💀 Comment savoir ce qui se passe après la mort ?

L’espérance chrétienne d’une vie après la mort est une facette de la foi en la résurrection de Jésus-Christ. Cette affirmation d’un mort qui revient à la vie paraît aujourd’hui incompréhensible. Pourtant, il arrive qu’un mort revienne à la vie – pensons, par exemple, à ces opérations où un patient passe par une mort clinique avant d’être ramené à la vie. On a même envisagé qu’on pourrait parvenir à provoquer artificiellement la mort d’un individu, à le conserver en bon état, en le congelant, et plus tard à le ranimer. Il deviendrait alors banal d’être un ressuscité.

Du temps de JĂ©sus, circulaient plusieurs histoires de morts revenus Ă  la vie. En Grèce, on racontait qu’OrphĂ©e Ă©tait descendu aux enfers (au sĂ©jour des morts) pour y chercher sa femme Euridyce et la ramener Ă  la vie terrestre. En Égypte, il y avait le mythe d’Isis et d’Osiris. Dans l’Ancien Testament, on trouve des rĂ©cits de rĂ©surrection : ainsi le prophète Elie rend la vie au fils de la veuve de Sarepta. Le Talmud nous apprend qu’au premier siècle de notre ère, certains rabbins passaient pour avoir le pouvoir de ressusciter. On se souvient qu’HĂ©rode, entendant parler de JĂ©sus, se demanda si Jean Baptiste, qu’il avait fait dĂ©capiter n’était pas revenu Ă  la vie. Les Évangiles nous rapportent que JĂ©sus a opĂ©rĂ© des rĂ©surrections : celle de son ami Lazare, celle de la fille de JaĂŻrus, celle du fils de le veuve de NaĂŻn.

Comment peut-on alors affirmer que la rĂ©surrection du Christ est unique, dĂ©cisive et fondamentale ? Pour le Nouveau Testament, il n’y a aucune comparaison, aucune commune mesure entre les faits ou les rĂ©cits d’un mort revanant Ă  la vie et ce qui arrive au Christ trois jours après sa crucifixion. Dans un cas, nous avons des retours Ă  la vie naturelle ; dans l’autre le surgissement d’une vie autre que naturelle.

Le retour Ă  la vie naturelle reprĂ©sente l’objectif que poursuit la mĂ©decine. Elle veut rendre au malade la santĂ© qu’il a perdue et lui permettre de vivre aussi normalement que possible. Il en va de mĂŞme pour les rĂ©surrections opĂ©rĂ©es par les prophètes, les disciples, ou par JĂ©sus lui-mĂŞme. Le miraculĂ© retourne Ă  ses occupations habituelles, il retrouve la vie qu’il menait auparavant. Lazare a repris son travail, sa place Ă  son foyer ; il a vĂ©cu, il a vieilli et il est mort. La fille de JaĂŻrus a grandi, s’est probablement mariĂ©e et eu des enfants ; elle a vĂ©cu, elle a vieilli et elle est morte. La rĂ©surrection se prĂ©sente ici comme une guĂ©rison particulièrement spectaculaire. Elle rĂ©tablit le cours d’une existence accidentellement interrompue, elle n’en change pas la nature.

Le surgissement d’une vie autre que naturelle, voilĂ  ce qu’entendent annoncer les rĂ©cits de Pâques. Après sa rĂ©surrection, JĂ©sus ne revient pas Ă  son existence passĂ©e. Il apparaĂ®t et disparaĂ®t, il se manifeste et s’éloigne de manière toujours mystĂ©rieuse. Certes, les Ă©vangiles soulignent fortement la rĂ©alitĂ© physique et matĂ©rielle de la rĂ©surrection. JĂ©sus mange et boit. On peut le toucher ; on trouve son tombeau vide. Le RessuscitĂ© n’est pas un fantĂ´me inconsistant ou une illusion qui s’expliquerait pas quelque phĂ©nomène psychique.

Toutefois, les Ă©vangiles insistent encore plus sur la transformation intervenue. Ses compagnons ont de la peine Ă  reconnaĂ®tre JĂ©sus et Ă  l’identifier. Ainsi Marie Madeleine dans le jardin qui le prend d’abord pour le jardinier ; ainsi les disciples d’EmmaĂĽs qui cheminent avec lui, l’écoutent, et ne dĂ©couvrent qu’après que c’est le Christ qui est avec eux ; ainsi les disciples qui pĂŞchent dans la mer de TibĂ©riade qui ne le reconnaissent pas tout de suite.

La rĂ©surrection du Christ ne constitue pas une guĂ©rison qui permet le retour Ă  la vie physique habituelle. Elle ne se borne pas Ă  un phĂ©nomène de „cadavre revenu Ă  la vie“. Elle reprĂ©sente bien autre chose : le surgissement dans notre monde d’une forme de vie nouvelle et originale qui vient de Dieu, et qui dĂ©passe nos possibilitĂ©s naturelles. Cette vie incarnĂ©e en JĂ©sus est ouverte et offerte Ă  ses disciples qui dans la foi commencent Ă  y entrer ; elle fait d’eux des ĂŞtres nouveaux, dans la vie avant la mort. Elle leur permet de ne plus se soucier de la vie après la mort.