La question paraît fait allusion au passage suivant, qui parle de combat et de justice :
7 J’ai mené le beau combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. 8 Désormais la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juge juste, me la donnera en ce jour-là, et non pas seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé sa manifestation.
2 Timothée 4.7-8
Mais attention ! Les mots peuvent prendre de multiples nuances de sens. Ici le combat n’est pas un combat au sens ordinaire, ni la justice une justice au sens ordinaire. Aujourd’hui, si nous parlons de combat pour la justice, nous pouvons penser à la révolution, à la résistance, à la lutte contre les dictatures, ou à la lutte des classes, au militantisme, à des actions syndicales ou devant les tribunaux, aux avocats des droits humains, à Gandhi pour un combat non violent, à Mandela pour la lutte armée aussi. Mais nous risquons de projeter en fait nos propres idées ; écoutons et faisons l’effort de comprendre ce que dit vraiment le texte biblique.
Dans le contexte historique de l’Empire romain de la fin du premier siècle, dans le contexte littéraire de cette fin de lettre à Timothée, Paul évoque la fin de sa vie. Il la compare à un combat pour garder la foi – combat surtout psychologique et spirituel, malgré les épreuves physiques, les voyages, les persécutions, la prison. Quant au mot traduit faute de mieux par justice, il désigne ici l’intégrité, la droiture. Le juste au sens juif est l’équivalent du saint. Paul est juste, non parce qu’il pratiquerait une justice redistributive, mais parce qu’il demeure en Dieu, qui le justifie.
Quant à la justice du droit, elle est présente dans la Bible, à travers les règles de la Tora qui visent un premier encadrement de la vie en société, ou encore les appels des prophètes à défendre les plus pauvres (Ésaïe 58, Amos 8). Et Jésus n’a cessé de s’intéresser aux plus méprisés, marginaux et exclus de son temps, tels que lépreux, prostituées, collecteurs d’impôts, enfants. C’est peut-être dans tous les sens du terme qu’il est juste, selon le témoignage de l’envahisseur romain devant la croix :
Voyant ce qui était arrivé, le centurion glorifia Dieu en disant : Cet homme était réellement un juste.
Luc 23.47