Œcuménisme vient du grec oïkouménê [guê] qui signifie [terre] habitée, monde. Œcuménique signifie mondial. Alors étymologiquement, il serait assez logique que l’œcuménisme soit l’équivalent de la mondialisation. Est-ce le cas ?
Les conciles œcuméniques des premiers siècles étaient appelés ainsi parce qu’ils voulaient rassembler la totalité du monde (gréco-romain), à la différence de synodes régionaux. En particulier il s’agissait de réunir l’Empire romain d’Occident et l’Empire romain d’Orient, ou plus tard le catholicisme et l’orthodoxie.
Dans un sens contemporain, l’œcuménisme désigne l’unité des chrétiens.
La mondialisation évoque le développement des échanges économiques et culturels à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, certaines spécificités locales tendent à s’estomper en faveur d’une certaine convergence.
Pour les chrétiens, cela pourrait signifier que les spécificités de leurs traditions prennent moins d’importance, et que par le dialogue et l’échange, un christianisme universel centré sur le Christ émerge. L’exemple de Taizé pourrait l’illustrer. Dans ce village de Bourgogne, a été fondée une communauté monastique nouvelle, qui unit catholiques, protestants et orthodoxes, et qui rassemble chaque année des jeunes du monde entier. Avec Taizé, mondialisation et œcuménisme vont de pair.
De plus, la mondialisation met en concurrence les diverses religions qui auparavant suivaient l’adage « à chaque région sa religion ». Il y a des chrétiens dans le monde entier, comme il y a des musulmans ou des bouddhistes dans le monde entier. Dès lors, les querelles entre chrétiens sont relativisées face à l’enjeu de témoigner ensemble de Jésus Christ.
Pourtant, si l’œcuménisme n’était que cela, ce serait simplement une réponse adéquate à l’évolution de la société, avec ce que cela suppose de tactique et de conjoncturel. Or l’œcuménisme a un sens spirituel. Il s’agit de réunifier le corps mystique du Christ, l’Église, qui est divisée. Les chrétiens doivent pratiquer entre eux l’amour du Christ sans lequel leur témoignage est vide et incohérent. Si les chrétiens deviennent vraiment ce qu’ils sont censés être et s’unissent, alors dans ce mouvement vers l’autre les Églises se réformeront ; plus encore, elles se convertiront. Il est facile de couper les relations avec tous ceux qui ne pensent pas comme moi ; il est plus difficile de reconnaître que ma compréhension de Dieu et ma foi sont limitées, et que je peux admirer ce que vit l’autre, découvrir qu’il connaît des facettes de Dieu que j’ignore. L’œcuménisme est un chemin de conversion et d’humilité pour se soumettre les uns aux autres et se rapprocher du Christ. Cet œcuménisme du cœur dépasse infiniment les problématiques politiques, économiques, sociales ou culturelles de la mondialisation.
20 Ce n’est pas seulement pour ceux-ci que je demande, mais encore pour ceux qui, par leur parole, mettront leur foi en moi, 21 afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé. 22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous, nous sommes un, 23 — moi en eux et toi en moi — pour qu’ils soient accomplis dans l’unité et que le monde sache que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Jean 17.20-23