Il faut le dire. Des croisades Ă la colonisation, des chrĂ©tiens ont fait la guerre au nom du Christ, massacrĂ©, violĂ©, rĂ©duit en esclavage, conquis, volĂ©, dĂ©truit. Les cultures autochtones ont Ă©tĂ© Ă©crasĂ©es et Ă©liminĂ©es pour imposer les valeurs de l’Occident chrĂ©tien. Encore aujourd’hui, des pays indĂ©pendants depuis un demi-siècle restent dominĂ©s Ă©conomiquement, culturellement et militairement par les anciennes puissances coloniales. Ils restent asservis Ă un complexe d’infĂ©rioritĂ©, Ă un hĂ©ritage de dĂ©pendance servile sans Ă©ducation Ă l’autonomie, sans dĂ©veloppement humain libre.
La colonisation commence Ă ĂŞtre revisitĂ©e dans son racisme, son arrogance, son paternalisme. Les anciennes puissances coloniales ont tardĂ© Ă l’admettre, chacun prĂ©fĂ©rant oublier ses fautes, et plus encore les fautes de ses pères. Il y a de la nĂ©gligence, de l’indiffĂ©rence, de l’ignorance.
La mission chrĂ©tienne est souvent allĂ©e de pair avec la colonisation, dans une fusion du politico-religieux, dans une mĂŞme volontĂ© de conquĂŞte expansionniste, de confort matĂ©riel, de pouvoir et d’argent. Or la mission chrĂ©tienne se prĂ©sentait comme un exemple de moralitĂ© et de vertu. La rĂ©alitĂ© de ces hommes Ă©tait bien loin de l’Ă©vangile prĂŞchĂ©. C’est pourquoi la mission a pu devenir inaudible et dĂ©crĂ©dibilisĂ©e.
Si la frontière entre le politique et le religieux a mal Ă©tĂ© marquĂ©e, il serait injuste aussi de nier l’existence d’une mission sincère et dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Il existe des missionnaires dĂ©vouĂ©s entièrement, consacrĂ©s au Christ. Ils ont adoptĂ© leur pays de mission comme le leur. Ils en ont appris la langue et le mode de vie. Ils se sont faits proches des plus humbles. Ils y ont sacrifiĂ© leur argent, leur santĂ©, leur vie, sans aucun avantage personnel. Ils ne sont pas parfaits ; ils restent humains. Mais ils rayonnent de saintetĂ©, de la prĂ©sence de Dieu. Et aujourd’hui des missionnaires emplis du Saint-Esprit donnent un tĂ©moignage de foi.
Aujourd’hui, la mission doit ĂŞtre humble, Ă©vangĂ©lique, purifiĂ©e, dĂ©pouillĂ©e des autres motifs. La mission doit pratiquer pour elle-mĂŞme la demande de pardon et la conversion. Elle peut devenir un Ă©change, oĂą chacun reçoit et donne ; car la France est devenue terre de mission Ă Ă©vangĂ©liser. Cela ouvre Ă de nouveaux modes de relations, rééquilibrĂ©s, Ă©galitaires, et recentrĂ©s sur JĂ©sus Christ. Car son appel retentit et s’accomplit, plus actuel que jamais dans un monde sans frontières et cosmopolite :
Allez dans le monde entier et proclamez la bonne nouvelle à toute la création.
Marc 16.15
Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint, et enseignez-leur Ă garder tout ce que je vous ai commandĂ©. Quant Ă moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’Ă la fin du monde.
Matthieu 28.19-20