💘 « Aimez vos ennemis », n’est-ce pas psychiquement dangereux ?

Cette invitation Ă  la priĂšre pour les assassins, parfois mal perçue
 obĂ©it pourtant aux paroles – certes dĂ©routantes – du Christ.

Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent.

Matthieu 5.44

Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.

Matthieu 5.39

Aimer son ennemi ne signifie pas l’aimer d’affection mais, dans ce passage d’évangile, le saluer : «Si vous ne saluez que vos frĂšres, que faites-vous d’extraordinaire ? Les paĂŻens eux-mĂȘmes n’en font-ils pas autant ?» Matthieu 5, 47). Autrement dit, il s’agit de ne pas l’effacer de notre histoire, mĂȘme si notre relation avec lui est compliquĂ©e et douloureuse. JĂ©sus nous invite Ă  nous tourner vers son PĂšre en lui confiant cette personne pour laquelle on ne peut pas prier mais que Lui considĂšre, malgrĂ© tout, comme son fils ou sa fille.

Tendre l’autre joue n’est pas un geste masochiste. Dans la vie courante, c’est un geste de paix (on tend sa joue Ă  ses enfants, Ă  ses amis). Le Christ nous dit : Ă  celui qui t’a frappĂ©, fais une proposition de paix. Sa particularitĂ©, c’est qu’elle n’émane pas de celui qui est en position de force mais, au contraire, en position de faiblesse.

C’est physiquement dangereux. Celui qui a dit d’aimer ses ennemis est mort sur une croix entre deux criminels. Les repĂšres psychiques tombent. Il n’y a plus les gentils et les mĂ©chants, la rĂ©compense aux bons et le chĂątiment des mauvais. Car le seul juste a pris la place des pĂ©cheurs.

En rĂ©alitĂ©, aimer son ennemi signifie bien l’aimer d’affection, et mĂȘme d’amour. Si c’est paradoxal, scandaleux, impossible, c’est que seul Dieu peut nous donner cet amour, cette capacitĂ© Ă  aimer, par son amour. Demeurons dans l’amour du Christ, pour que nous nous aimions les uns les autres comme il nous a aimĂ©s.

Comme le PĂšre m’a aimĂ©, moi aussi, je vous ai aimĂ©s. Demeurez dans mon amour.

Jean 15.9

Voici la rĂ©volution de JĂ©sus : transformer la haine en amour, vaincre l’ennemi par une douceur dĂ©sarmante. Il nous aime, par lĂ  il s’est rendu vulnĂ©rable et s’est offert. Quelle puissance subversive dans cet amour, qui touche le criminel le plus endurci, qui retourne le cƓur et transforme une vie !