Il me dit : Ces paroles sont certaines et vraies ; le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses esclaves ce qui doit arriver bientôt.
Apocalypse 22.6
La foi nous invite Ă faire confiance Ă Dieu, et Ă croire que les paroles de la Bible disent vrai. Mais concrètement, de nombreux versets peuvent nous choquer Ă la première lecture, et nous rĂ©sister encore après de multiples relectures. Comment cela peut-il ĂŞtre vrai ? En rĂ©alitĂ©, il faut prĂ©ciser cette notion de vĂ©ritĂ©, qui est moins Ă©vidente qu’il n’y paraĂ®t.
Il y a au dĂ©part l’idĂ©e d’une vĂ©ritĂ© simple et littĂ©rale du texte. C’est Ă©crit, donc c’est ainsi. Alors il y a des choses incroyables dans la Bible. Les uns s’en Ă©merveillent ; les autres n’y croient pas. Les uns et les autres semblent irrĂ©conciliables.
Il y a d’un cĂ´tĂ© la conception scientifique de la vĂ©ritĂ©, vĂ©rifiable, objective, indiscutable, celle qui peut ĂŞtre prouvĂ©e… mais qui demeure en Ă©volution, et peut ĂŞtre remise en question par les avancĂ©es de la recherche. Pour les sciences humaines et pour les rĂ©cits bibliques, la question porte surtout sur la vĂ©ritĂ© historique. Les Ă©vĂ©nements ont-ils vraiment eu lieu comme le dit la Bible ? Une première difficultĂ© est l’impossibilitĂ© de faire des expĂ©riences reproductibles : une grande partie du passĂ© est perdu, de sorte que l’historien n’a pas accès Ă toute la vĂ©ritĂ©. Un deuxième problème est liĂ© aux limites du langage : le rĂ©cit d’un Ă©vĂ©nement ne permettra jamais de revivre exactement l’Ă©vĂ©nement ; ce ne sont que des mots. Le rĂ©cit est toujours partiel, incomplet, sĂ©lectif, oublieux. Et donc il est marquĂ© par un auteur qui ne peut pas ĂŞtre totalement objectif, transparent comme s’il n’existait pas et ne faisait pas des choix. Enfin et surtout, ces idĂ©es de vĂ©ritĂ© scientifique, historique, linguistique, sont apparues dans la modernitĂ©. Les appliquer sans prĂ©caution Ă un texte antique, c’est faire un anachronisme et un contresens. Car l’auteur du texte ne concevait pas la vĂ©ritĂ© ainsi. Par exemple, chacun de nous connaĂ®t normalement son âge au jour près. Mais dans une civilisation orale et sans registres d’Ă©tat civil, les âges deviennent nĂ©cessairement plus approximatifs et symboliques. Ne faisons pas dire Ă la Bible ce qu’elle ne dit pas. N’imposons pas notre idĂ©e de vĂ©ritĂ©, mais Ă©coutons, dĂ©paysons-nous pour entrer dans la pensĂ©e de l’auteur.
Il y a de l’autre cĂ´tĂ© une vĂ©ritĂ© de la foi, une vĂ©ritĂ© thĂ©ologique. Mais ce n’est peut-ĂŞtre pas toujours celle du littĂ©ralisme. Car quel est le sens du texte ? Ou ses sens possibles ? Comprendre un texte constitue une discipline en soi, la sĂ©mantique. Il faut traduire et interprĂ©ter, alors que des millĂ©naires nous sĂ©parent des auteurs bibliques. La Bible est aussi un chef d’Ĺ“uvre littĂ©raire qui emploie des figures de style, mĂ©taphores, hyperboles, ironie, qui complexifient le rapport au sens et Ă la vĂ©ritĂ©. Elle rassemble divers genres littĂ©raires, rĂ©cit mais aussi poĂ©sie, bien loin du livre d’histoire. Alors nous pouvons vivre avec une vĂ©ritĂ© naĂŻve, car nous ne savons pas tout et du mystère demeure. Nous pouvons aussi dĂ©sirer approfondir, et cela nous amène Ă Ă©tudier davantage la Bible, Ă enrichir et complexifier son sens ; et c’est fructueux tant que nous ne perdons pas de vue l’essentiel.
La vĂ©ritĂ© de la foi, c’est la parole que Dieu nous dit Ă travers ces textes. Elle est d’un autre ordre que la vĂ©ritĂ© scientifique. Ce n’est pas simplement une vĂ©ritĂ© de faits matĂ©riels, mais une vĂ©ritĂ© sensible et spirituelle. Elle se vit, sincère, authentique. Elle se vit par la venue du Saint-Esprit en nous. Elle se vit dans une relation personnelle, dans une rencontre avec le Christ. La vĂ©ritĂ© n’est pas un concept, c’est une personne.
JĂ©sus lui dit : C’est moi qui suis le chemin, la vĂ©ritĂ© et la vie.
Jean 14.6